Archive for octobre, 2017

Apocafilm Now – part 2

samedi, octobre 14th, 2017

[English version not there yet again, I’m still too tired to do both 🙁 ]

Donc me voilà à présent embarqué pour le second tournage, celui de Delirium.

Le premier jour, on filme dans le couloir sur le palier de l’appartement de la réalisatrice. Les maquillages de zombie rendent super bien, mais avec la chaleur due tant à l’étroitesse du lieu qu’au nombre de personnes présentes, ils fondent partiellement plusieurs fois, ce qui nous fait prendre du retard le temps que la maquilleuse corrige ça.

Ah, et on a à nouveau un problème avec ce satané film dans ce satané magasin. Comme c’est la troisième fois que ça nous arrive, à moi et à l’autre assistant-caméra (lui aussi est sur les 2 films), on commence à avoir l’habitude et on prend la chose avec plus de philosophie.

Entre deux prises, l’acteur-zombie consulte ses mails…

Le tournage terminé, on se dépêche de rapatrier tout le matériel dans l’appartement où on doit tourner le lendemain (celui d’un étudiant de la promo précédente). Et nous voilà parti pour ce qui est sans doute le jour le plus exigeant au niveau technique et sécurité, puisqu’on tourne dans…. une salle de bains.

C’est quelque chose que d’avoir une caméra calée dans une douche, la camerawoman qui essaie de se placer derrière pour l’utiliser, l’assistant son planqué dans un coin avec son micro, le 1er assistant caméra qui essaie de régler le focus sans gêner la camerawoman, le 2nd assistant caméra (moi) qui essaie de se glisser avec son clap en début de prise… et je ne vous ai même pas parlé de l’électricienne 😛 (à comprendre dans le sens cinéma = chargée de l’éclairage).

Et tout ce beau monde essaie de ne pas se faire voir et entendre de la caméra et du micro, ni de déranger le(s) acteur(s) dans sa/leur performance.

A l’étroitesse et l’humidité, on ajoutera le fait que l’acteur principal doit à partir d’un moment s’immerger complètement dans un bain, avec ses vêtements. Personne n’a envie que la camera super-lourde pointée sur lui ne fasse plouf dans l’eau puis sur sa tête (ou l’inverse) ou que la camerawoman qui multiple les positions les plus improbables faute de place ne chute du rebord de la baignoire.

Le planning prévoyait que notre acteur resterait 1h dans l’eau.

Mais comme évidemment on prend du retard, on finit après qu’il y ait passé le double ^^;; Encore heureux, il tient le coup et est habitué à ce genre d’aléas.

Ah, et je pourrais encore vous parler de la séquence où on filme un début de lâcher de bouteille en verre et où notre producteur (oui, vous avez bien lu : producteur) est planqué, couché au sol sur une couverture pour rattraper la bouteille avant qu’elle n’atteigne fatidiquement le sol 😀

Le troisième et le quatrième jour, on est en studio. Le même qu’utilisé par Spyglass, sauf que le décor a été complètement changé évidemment. La chef décoratrice de Delirium a abattu un boulot énorme, qui impressionne jusqu’à nos acteurs 🙂


Et hop ! Cascade !

A ce stade, je crois qu’il est inutile de mentionner un quatrième problème avec ce put**n de magasin 😛

Enfin, on arrive au bout : le dernier plan qui devait être anodin (vue des pieds de l’acteur principal) me semble prendre trois plombes à être validé (on essaie un effet de lumière particulier seyant à l’ambiance horreur du film). Puis une fois que la caméra s’est éteinte, il nous reste encore à enregistrer des sons complémentaires.

Puis ranger le matériel.

Puis dégarnir le décor.

Je n’arrive pas à réaliser : j’y suis arrivé, j’ai réussi mon pari.
11 jours quasi-non-stop. J’ai fait les 2 films d’affilée ! 😎

Ces tournages ont eu un impact sur tout le monde, et on est nombreux à se sentir transformés par l’expérience.
Nous ne sommes plus tout à fait les mêmes; en bien comme en mal, des gens se sont confirmés ou révélés en plateau.

Mais guère le temps de nous reposer sur nos lauriers : comme vous devez à présent le comprendre, le repos est souvent de courte durée à l’école.

En parallèle de notre reprise des cours, les étudiants de la promo précédente (qui ont commencé six mois avant nous) doivent tourner leurs films de thèse, graal ultime concluant l’année d’études.

L’occasion pour plusieurs d’entre nous de s’incruster sur plusieurs tournages (dans n’importe quel rôle possible) pour leur filer un coup de main et glaner de l’expérience facilement. Dès la première semaine de reprise, je suis sur 2 tournages (et je ne compte pas m’arrêter là… 🙂 ); il s’agit de 2 comédies très différentes dans le style, et on se fend bien la poire tout en faisant notre boulot. J’ai vraiment hâte de voir les résultats finaux.

Je croyais en avoir fini avec ces fichus films 16mm (le documentaire – j’en reparlerai prochainement – et mon film de thèse seront tournés en numérique), je me trompais.

Aujourd’hui, j’ai eu un cours optionnel de montage …. sur film 16mm.
Oui, car j’ai choisi mes options lors de mon inscription, à une époque où je n’y connaissais rien ^^;;

Alors, je mets la photo de la Steinbeck – parce que je sais que ça va faire plaisir au paternel – mais si l’aspect historique est intéressant pour la culture et la curiosité générales…. quelle horreur le montage à l’ancienne !

Un boulot super méticuleux et super ingrat – marquer les débuts et fins des prises sur la bande image et la bande son, synchroniser les 2 bandes, couper ce qu’il y en trop, rajouter quand c’est nécessaire, retour en arrière pour vérifier, avance-rapide…. – qui nous fait « finir » 2 heures plus tard que prévu.

Sur ce, je vais ménager mes derniers neurones en vie….

A plus !


Die Große Machine

Apocafilm Now – part 1

jeudi, octobre 5th, 2017

[English version not there yet, I’m too tired to do both 🙁 ]

Après des semaines de retour à l’hôtel, je me décide à reprendre mes recherches d’appart : je finis par dénicher un bon prix à un bon emplacement (juste à côté de Central, la gare principale de Sydney). C’est tellement louche d’entrée que je me dis paradoxalement que ça ne peut être que le bon numéro : je donne de l’argent à trois personnes différentes, l’un d’eux m’appelle « mon pote » par textos interposés (« bro ») et je n’ai aucune preuve de paiement autre que la bonne foi de mes interlocuteurs. C’est comme ça en Australie.

Mon instinct se confirme avec les occupants de la coloc : une Italienne et quatre Sud-Américains (1 Brésilien, 1 Brésilienne, 1 Chilien et 1 Guatémaltèque). Oubliée la domination française et je peux pratiquer un peu mon Espagnol, ce qui ne me déplaît jamais 🙂

L’ambiance est meilleure aussi (pas encore de baston entre colocs 😀 ) et au bout de 8 jours dedans (au moment où j’écris ces lignes), je le sens bien.

J’ai trouvé mon appart juste à temps car on entame alors les derniers jours décisifs précédent le lancement des tournages des deux films dans lesquels je me suis embarqué.

Le premier en chantier est The Painting in the Spyglass (Le Tableau dans la longue-vue, j’en parlais déjà dans mon précédent article), le second Delirium. Deux types de films très différents : drame avec bons sentiments pour l’un, horreur pour l’autre.

The Painting in the Spyglass, c’est en gros l’histoire d’une grand-mère et son petit-fils, liés par un tableau et une longue-vue (je n’en dis pas plus, au cas où vous ayez l’opportunité de voir le fim un jour; je vous tiendrai au courant si quelque chose de potable en sort).

Les 3 jours précédant le début du tournage de Spyglass, la chef décoratrice commence à construire et décorer le plateau qu’on va utiliser pour le premier jour de tournage : peindre des faux murs, portes et fenêtres, les assembler, déplacer du mobilier et des objets à l’intérieur, …

Le premier jour, pas un chat pour l’aider à part les 2 assistants caméra (dont je fais partie) et la réalisatrice. Bonjour l’implication et l’esprit d’équipe. Je l’ai un peu mauvaise, d’autant plus que je sais que le tournage en lui-même va être crevant physiquement et mentalement. Si personne n’y met du sien, les 2 assistants caméra, ils vont griller toute leur énergie avant même de commencer. C’est d’autant plus injuste que la chef déco est adorable et fait vraiment du bon boulot.

Le second jour, y a plus de monde (après que Bibi a diplotament râlé sur le groupe Facebook dédié au film). Le troisième jour, retour à la case départ, avec juste les mêmes 4 personnes. Youpi.

Il y a également un gros problème de communication sur ce projet. En fait, pas mal des couacs sont à imputer à la productrice, plus occupée à draguer les étudiants des promos supérieures pour s’incruster dans leurs films qu’à aider sa propre équipe dans la dernière ligne droite. Et c’est loin d’être la seule crasse qu’elle nous fait.

Bref, le tournage tant attendu finit enfin par débuter.

Premier jour, lever avant les 6h du mat. C’est long, très long, avec beaucoup de prises et une température infernale dans le studio (on ne peut pas enclencher la ventilation, car ça ferait un bruit de fond lors de l’enregistrement du son).

Les gens ne sont pas forcément habitués à travailler ensemble, ça court dans tous les sens (enfin pas tous, quelques sont plus du genre poil dans la main …donnant du coup plus de boulot aux autres). Impossible d’avoir une mécanique bien huilée. En fait, sur un plateau de tournage, il a forcément des imprévus qui se produisent; avoir une mécanique bien huilée, ça veut dire que quand une bricole arrive, on se démerde pour ou la réparer, ou trouver un plan B potable au plus vite. Ça veut dire aussi que chacun sait ce qu’il a à faire, et quand il doit le faire.

Alors que la cacophonie bat son plein, un hurlement de désespoir résonne dans le studio.

Tout le monde stoppe ce qu’il faisait (ou ne faisait pas) : l’actrice jouant la grand-mère est tout simplement en train de répéter une scène avec la réalisatrice pendant qu’on prépare l’équipement pour la scène tout autour.

Son jeu bluffe tout le monde. Instant de magie dans le chaos.

On arrive au bout du premier jour totalement crevés, avec facilement une heure sup sur le planning prévisionnel (et ce sans même compter le temps de rangement du matos)

Le second jour, lever à… 3h du mat.
Direction la plage (je vous en ai déjà parlé de celle-là). Oui, parce qu’on veut tourner la scène à l’aube. Ce qui veut dire que non seulement il faut arriver tôt, mais en plus le temps nous est plus que compté, rapport à la progression de la lumière solaire (tricher est possible, mais pas sur un gros intervalle de temps).

Si on ajoute à cela qu’on doit gérer tout ce qui est sable avec le transport et l’emploi du matériel et que la dernière prise implique que les 2 acteurs doivent se jeter à l’eau tous habillés (= leurs vêtements mettront du temps à sécher = on n’a donc le droit qu’à une seule prise sinon c’est foutu), vous comprendrez aisément que tout cela relève de Mission Impossible ou l’Agence Tout risques 😛

On s’en sort pourtant étonnamment bien.

On prend une pause bien méritée …et l’après-midi on attaque le tournage dans un nouvel endroit : le garage d’une maison de banlieue. Et alors qu’on croyait le plus dur passé, la pire tuile possible nous tombe sur la figure : la caméra commence à faire un bruit étrange.

On arrête le tout, on inspecte le magasin (= boitier contenant le rouleau de film).
Die Grosse Katastrophe. Le film s’est enroulé n’importe comment à l’intérieur du magasin.

Autrement dit, tout ce qu’on a tourné jusqu’à présent ce jour est potentiellement inutilisable.
Y compris la plage-à-l’aube-qu’on-s’est-levés-à-3h-du-mat.

Malgré ce gros coup sur la carafe, on se doit de réagir au plus vite si on ne veut pas rentrer brocouilles : on décide de retourner en mode express toutes les scènes concernant le garage. Au moins, on n’aura pas à se redéplacer dans ce lieu pour refilmer si rien ne peut être sauvé de notre travail du matin jusqu’au moment de l’incident.

Inutile de vous dire qu’on est à nouveau en retard sur le planning, et qu’on rentre à nouveau très tard une fois tout le matériel rangé.

Le lendemain, c’est jour off pour Spyglass.
Maiiiiis…… jour de construction du plateau pour Delirium. C’est reparti pour le charbon. Ça en plus de fixer des problèmes de matériel pour Spyglass (genre par exemple une lampe qui a grillé et doit être remplacée). Pour Delirium au moins, il y a plus de monde au rendez-vous, et ça fait plaisir.

Mais je suis tellement crevé que je repars chez moi en milieu d’après-midi pour grappiller une heure de sieste.

Et c’est parti donc pour le troisième jour de Spyglass, cette fois-ci dans une – vraie – maison de retraite. Des résidents plus ou moins gâteux observent avec curiosité notre tournage (certains sont tellement dans leur monde qu’on redoute un peu qu’ils débarquent devant l’objectif de la caméra en pleine prise).

Ah, et on a à nouveau le film qui merde à l’intérieur du magasin 😛 (sauf que cette fois, c’est moins grave : on a à retourner qu’un plan)

De façon générale, on a beau être exténués, on travaille à présent de façon plus optimale : les erreurs et imprévus des jours précédents ont forgé notre expérience.

Le tournage terminé, on rapatrie tout l’équipement à l’école et on célèbre ça avec des muffins cuisinés par la réalisatrice 🙂
Moment particulier quand les acteurs et équipe signent au dos de la fameuse peinture de l’histoire, que la réalisatrice va conserver ^_^

Je m’autorise une bière au pub le plus proche de l’école.

Une seule, parce que le lendemain, c’est le premier jour de Delirium.

Lever avant les 6h du mat.

Et la suite au prochain épisode ! 😎