Archive for décembre, 2015

La Bonniche, le Père Noël et le Python

mercredi, décembre 30th, 2015

Cairns est moins grande que je me l’imaginais. Ça fait vite petit village, ou on recroise souvent les mêmes visages.

Surtout, elle a une économie très particulière : elle repose quasi-exclusivement sur les backpackers, qui sont en quelque sorte à la fois vendeurs et consommateurs. Il n’est d’ailleurs pas rare que ceux-ci cumulent les petits boulots : ménage dans un hôtel pour y bénéficier du toit gratuit, commercial dans une agence de voyage/barmaid/cuistot… pour bénéficier d’un salaire.

Pour le côté consommation, il y a l’alcool, les tours organisés et… euh… l’alcool 😛

Je n’arrive définitivement pas à me faire à l’ambiance du second hôtel ou j’ai déménage pour obtenir un boulot. Malgré quelques personnes sympas rencontrées, ça ne suffit pas. Aussi, lorsqu’au bout de plusieurs longs jours, ma tant attendue journée de test aboutit à un échec, je n’insiste pas pour avoir une seconde chance et repart illico vers le premier hôtel. (Je pense aussi que ma poitrine trop plate a joué un rôle…)

Le repas du réveillon consiste en un…. Chili Con Carne 😎 Et le lendemain, on a le droit à un barbecue de Noël qui débute à midi et finit…. quelque part après minuit. Inutile de dire qu’il y a beaucoup de mal de crânes et beaucoup moins de consommation d’alcool le lendemain (la corrélation reste à prouver).

Malgré ces moments sympathiques, j’ai envie de bouger, car il n’y a finalement rien de bien particulier à faire à dans la ville en soi. Et le temps bien pluvieux ne donne pas envie de prendre un ferry pour aller faire du snorkeling (=masque et tuba) au large, en prenant le risque de se retrouver avec une visibilité restreinte sous l’eau.

Je redescends donc sur Townsville, où la donne ne change pas vraiment. De plus, personne de disponible pour me véhiculer vers le Sud, et les prix des hôtels semblent s’envoler à cette saison. Enfin dernier facteur, j’ai eu quelques jours plus tôt une proposition de boulot intéressante aux alentours de Brisbane, mais l’hôtesse me fait savoir que c’est « premier arrivé, premier servi ». Du coup, je décide de me rendre directement à Brisbane… en avion.  Pause dans les interminables kilomètres de route. Je ne verrai donc pas la légendaire Grande Barrière de Corail. Une prochaine fois peut-être.

A l’aéroport, je découvre que j’ai réservé pour le bon jour ….mais le mauvais mois (Janvier). Je suis malgré tout quand même capable d’échanger le billet (à un prix évidemment plus douloureux….)

Le voyage est sans histoire. La nuit – évidemment  😛 – passée à l’aéroport d’arrivée non plus (c’est devenu un rituel, on va dire).

Brisbane ne m’avait pas laissé un souvenir si impérissable il y a presque 6 ans de cela. Elle me fait étrangement meilleure impression cette fois-ci. Peut-être y a-t-il eu des changements apportés suite aux inondations de 2011 puis 2013 ? Je n’arrive pas trop à me rendre compte.

En début d’après-midi, ma « patronne » m’emmène en voiture dans sa propriété, à une demi-heure de la ville. Nouveau changement de décor pour mon périple australien : je n’aurais jamais imaginé découvrir des forêts vallonnées si près de Brisbane. C’est sûr que ça change des routes toutes droites.

P1030502

A peine arrivé, déjà au travail, avec un volontaire anglais déjà sur place. Le boulot n’a rien d’insurmontable, mais c’est un peu duraille pour moi, vu le nombre d’heures de sommeil que la nuit à l’aéroport ne m’a pas offertes.

Tout d’un coup, l’Anglais aperçoit quelque chose de dissimulé dans l’atelier construit sous la maison : il s’agit d’un serpent faisant la sieste.

Plus exactement, un…. python.

Afin de protéger les chats et les poules, il nous faut le déloger. C’est à moi que revient l’honneur très particulier de refermer le sac dans lequel on doit l’emprisonner. Avec mes réflexes de gars à moitié endormi, je ne serre pas complètement le plastique. Je vois la proprio qui me fait de gros yeux effarés « What the Fuck? » et s’en charge prestement à ma place.

Plus tard, c’est moi qui vais le relâcher dans la nature, dans une galaxie lointaine, trèèèèèès lointaine.

Pas mal, pour une première journée.

Bonnes fêtes 🙂

L’Histoire est Ronde : Taïwan en 5 minutes (et pas plus)

lundi, décembre 21st, 2015

hrTai01

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’histoire « chinoise » de Taïwan n’est pas si ancienne que ça. Pendant des centaines d’années, l’île est uniquement peuplée de diverses tribus « aborigènes ». Au dix-septième siècle, les Hollandais débarquent avec l’attention de faire du lieu une colonie (idéalement placée pour le commerce avec la Chine et le Japon). Mais cela est de relativement courte durée, car les Chinois débarquent à leur tour et s’emparent de l’île.

A la fin du dix-neuvième siècle, un troisième lascar a l’île dans le collimateur : le Japon (oui, ils sont souvent les méchants, dans cette rubrique ^^; ). En 1895, à l’issue d’une guerre victorieuse contre la Chine, il fait de Taïwan une colonie. Je ne vais pas refaire un histoire des exactions nippones, je pense que vous en aurez une assez bonne idée après les articles sur Hong-Kong et la Corée.

En 1945, le Japon capitule et perd son empire colonial. Cela ne signifie pas pour autant la fin des ennuis pour l’île; en effet, la guerre civile chinoise reprend dans la foulée, entre Communistes et Nationalistes. Les Nationalistes en déroute en Chine continentale se réfugient à Taïwan. Les Communistes tentent de prendre de l’assaut l’île mais échouent. Peu après, la guerre de Corée éclate, opposant indirectement la Chine et les Etats-Unis. les Américains commencent alors à patrouiller le détroit de Taïwan et les plans de conquête de l’île par les Communistes se retrouvent par conséquent en suspens.

La vie à Taïwan dans les années qui suivent n’est pas des plus roses : la cohabitation entre insulaires d’origine et les – nombreux – nouveaux immigrés du continent n’est pas toujours évidente (les seconds ayant tendance à accaparer les postes à responsabilité au détriment des premiers) et le régime n’est par ailleurs aucunement démocratique, avec une répression complètement aveugle des opposants – avérés ou fictifs – des décennies durant.

A partir des années 80, la démocratie s’invite enfin sur l’île. Et à partir de 2008, les premières liaisons aériennes depuis 60 ans entre l’île et la Chine continentale voient le jour. Entre-temps, le monde entier a appris à connaître la fameuse inscription sur les produits électroniques bon marché 🙂

Stop chrono !
A une prochaine 🙂

hrtai02

hrtai03

PS : et non, pas d’article de ce genre consacré au Japon. D’une part parce que le pays est bien mieux connu, d’autre part parce que ça aurait été plus compliqué de condenser le « récit ».

Darwin – Cairns : 2800 km – partie 2 : la côte en queue de poisson

jeudi, décembre 17th, 2015

La fin du road trip – si prometteuse sur le papier – n’est pas vraiment à la hauteur des attentes.  On avait pourtant récupéré dans l’outback plein de noms d’endroits via un local de Townsville.

Malheureusement, dans de nombreux cas, soit ça n’est pas si extraordinaire que cela, soit on n’arrive pas à trouver, soit la météo n’est pas avec nous (trop sec, ou au contraire trop pluvieux).

Ça n’empêche pas de temps à autre d’avoir des trucs sympas, comme ça :

P1030421

ou ça :

P1030431

Au fur et à mesure que l’on progresse vers le Nord, les températures se font plus fraîches (on va pas s’en plaindre), les paysages plus verts, de temps en temps plus montagneux (c’est-à-dire moins ridicules que les collines entre-aperçues jusque là)… et les précipitations vachement plus abondantes.

P1030445

Cette pêche peu fructueuse n’est évidemment pas faite pour améliorer l’ambiance. En effet, il arrive ce qui arrive souvent lorsque l’on passe plusieurs jours dans un espace réduit avec une personne au tempérament différent : je ne peux plus supporter certains détails récurrents chez mon collègue de route.

Tant qu’il y avait des choses  potentiellement intéressantes à voir le long de la route, je faisais abstraction. Mais à partir du moment où il apparaît de plus en plus clairement que ça ne va plus être le cas, ça finit forcément par péter. Bref, je n’ai plus qu’une hâte : arriver à Cairns et pouvoir reprendre ma liberté.

Dès que je suis arrivé, je réserve ma nuit d’hôtel et peut ainsi enfin souffler. Après des jours de route, j’ai aussi besoin de me poser un peu, voire de buller quelques jours.

P1030468

L’hôtel où j’ai atterri est plutôt sympa (et pas cher !) et je commence à me lier avec certains des volontaires. J’essaie de postuler pour un travail, mais il n’y a plus de place avant un moment. Du coup, suite à une combine donnée par un Français, je déménage dans un autre hôtel où je peux cette fois avoir un boulot (je suis à l’essai cette semaine). L’ambiance a l’air moins top (genre plein de gens qui se croisent mais se parlent pas des masses), mais on va voir comment ça évolue. Le barbecue gratuit prévu ce soir arrive à point nommé pour se faire une meilleure opinion… 🙂

P1030478

Darwin – Cairns : 2800 km – partie 1 : la traversée de l’outback (7 jours)

vendredi, décembre 11th, 2015

Donc voilà, c’est parti pour la road trip en binôme.

Autant commencer par la base, à savoir vous présenter notre indispensable et fier destrier :

P1030410

Samedi 5 Décembre :

Edit Falls :

P1030395

Katherine Hot Springs (pas pris de photo) : première fois que je me baigne dans des sources thermales qui me donnent l’impression d’être dans une bouteille de Badoit.

Dimanche 6 Décembre :

Katherine Gorges (en kayak) : bras chauffés par la pagaie, pieds brûlés par la roche.

P1030399

P1030400

Lundi 7 Décembre :

Mataranka Bitter Springs :

P1030402

Sur la route, sans cesse, des tonnes et des tonnes de termitières. Certaines atteignent les 2 m de haut :

P1030406

Journée typique :

  1. Réveil sur une aire de repos perdue au milieu de vraiment nulle part. Des fois, c’est le grand luxe : y a des toilettes, voire même un point d’eau (pas potable, quand même, faut pas exagérer).
  2. Petit déjeuner avec les mouches. Beaucoup de *#@ de mouches. Histoire de bien commencer la journée.
  3. On prend la route pour aller trouver la douche gratuite la plus proche. Parfois aussi refaire le plein d’essence ainsi que celui d’eau potable. La route, elle est longue, elle est monotone, elle est chaude. Mais il ne faut jamais relâcher sa vigilance, car il y a régulièrement des animaux domestiques (bétail) ou sauvages (oiseaux, wallibies, criquets aux sauts olympiques) qui sont en travers du chemin. Beaucoup beaucoup de cadavres desdits animaux aussi. Hallucinant le nombre qui se font renverser par des véhicules. A moins que la sécheresse n’aie aussi sa part de responsabilité là-dedans.
  4. Après la douche et compagnie, on reprend la route, et re-pareil. Comme me l’avait dit un (autre) Allemand il y a 5 ans : en Australie, il y a plein de coins sympas à voir, mais souvent beaucoup de route à se farcir entre les 2 coins.
  5. Avant la nuit, on se trouve une nouvelle aire de repos désertique, tambouille, ciel plein d’étoiles, dodo.
    Et c’est reparti pour un tour.

Vendredi 11 Décembre :

Ça y est, on approche de Townsville, soit la fin de l’outback. Après ça, on va remonter la côte jusqu’à Darwin. Ça tombe bien, on commençait un peu à en avoir marre de la routine : si les premiers jours ont été riches en pépites, les suivants ont été moins variés, car pas grand chose à voir en chemin. Les parcs nationaux étaient soit trop difficiles d’accès à cette saison (routes de terre), soit visiblement pas vraiment intéressants du tout et de toute façon super secs. Quant aux bourgades – souvent minuscules – traversées, ben, vraiment pas grand chose à dire dessus (ah si : j’ai rencontré une femme à barbe à la caisse d’un magasin. Youhou, vive les coins reculés)

Mais on a eu des tonnes de tuyaux sur des coins sympas le long de la route côtière, donc on risque d’avoir largement de quoi se rattraper 🙂

PS : une petite carte pour s’y retrouver 🙂

Darwin, c’est le point rouge au Nord. On est descendus vers Katherine puis en gros jusqu’au « milieu » du Northern Territory avant de bifurquer vers l’Est et le Queensland, direction Townsville. Cairns est un peu plus au Nord, sur la côte également.

map_of_australia

 

(c) Lonely Planet

Mad Oz: Fury Road

vendredi, décembre 4th, 2015

À peine arrivé à Darwin, je sais que je n’aurai pas de répit : l’Australie est non seulement un pays cher (oui, encore un), mais en plus je suis censé être à Sydney dans 2 mois pour prendre mon avion vers la Nouvelle-Zélande. Bref, me rendre de la côte Nord à la côte Est.

Et au cas où vous l’ignoreriez, c’est grand, l’Australie 😛

De plus, aucune des démarches d’emploi (non-rémunéré, car mon visa ne me permet pas de recevoir un salaire) que j’ai effectuées précédemment à mon arrivée sur le territoire n’a été concluante.

Dans l’hôtel où je passe ma première nuit, je remarque une annonce d’un Allemand qui a un véhicule et propose de partager les frais pour un voyage jusqu’à Cairns (côte Nord-Est) avec arrivée estimée fin Décembre.

P1030392

Manque de bol, seul un numéro de téléphone est donné pour le contacter, et je n’en ai pas.
Mais plus tard dans la journée, je repasse devant l’annonce, et il a ajouté son adresse email au bic. Je le contacte aussitôt. Il répond. On se rencontre. Le courant passe. Début du road trip planifié pour le surlendemain 😎

La nuit suivante, après avoir fait tous les préparatifs (courses, essence, …), on est nourri-logé en banlieue, chez un généreux couple de Néo-Zélandais d’origine Samoane 🙂

Bref, autant dire que je ne pouvais pas mieux tomber.

P1030394

Sinon, je ne peux pas terminer sans évoquer les Aborigènes. Mes précédents voyages sur l’île (côte Sud-Ouest et côte Est) ne m’avaient pas vraiment donné l’occasion d’en rencontrer des masses (je me souviens d’un musicien sur le port de Sydney, et c’est à peu près tout). A Darwin, ils sont beaucoup plus présents. Et ça laisse un certain sentiment de tristesse : pendant des décennies, leur histoire a été niée et effacée d’une façon ou d’une autre.  Ce n’est plus le cas, mais pour « réparer » ses fautes passés, le gouvernement Australien a eu recours à un cadeau empoisonné : tout Aborigène reçoit des allocations à vie. Sans travail, donc sans but, et avec des organismes génétiquement beaucoup moins résistants à des substances tels que le sucre ou encore l’alcool, ils errent en groupe, tels des zombies drogués en permanence…