Working Class Hero

Hé oui, enfin des nouvelles !

Je vais passer assez rapidement sur la première moitié du mois de Décembre, qui couvre la fin de tournage du documentaire plus le festival de l’école qui marque la fin du semestre (et où, en tant que membre de l’équipe caméra de Delirium, je remporte un prix collectif de meilleure cinématographie pour étudiants du 1er semestre; mais bon, comme j’étais aussi dans l’autre équipe caméra en lice – Spyglass – il n’y avait pas trop de suspens me concernant 😀 ).

Le festival terminé commencent les grandes vacances, long break jusqu’à la mi-Février. De nombreux étudiants de ma promo repartent dans leurs pays d’origine à cette occasion. Le peu qui reste et dont je fais partir nous voyons de temps en temps, que ce soit pour un repas de Noël assez mollasson, ou encore un réveillon de la Nouvelle Année lui vraiment très sympa (même si on avait un point de vue des plus pourris sur le légendaire feu d’artifice de Sydney, tiré chaque année depuis le Harbour Bridge dans la baie, avec l’opéra et tout).

En fait, je ne vais pas vous parler de film et compagnie, cette fois-ci.

Je le savais dès mon arrivée en Juillet dernier : la vie est chère à Sydney. Mon visa m’autorise à faire des petits boulots (dans une limite de 20h/semaine durant la période scolaire, sans limite durant les vacances). Le problème, c’est que le rythme de l’école est tellement intense qu’avoir un travail à côté est un peu utopique.

Du coup, je savais que je ne pouvais (et devais) que travailler pendant les grandes vacances.

D’où la construction.

Quoi ? Comment ? Que donc ?

Je m’explique 8)

En Australie – et particulièrement à Sydney – il y a un énorme besoin de main d’œuvre  sur les chantiers (qui poussent tels des champignons dans la ville). Au point qu’avoir l’autorisation d’y travailler est assez aisé, même si on est un étudiant ou un backpacker, même pour une période limitée.

Et en plus, c’est très bien payé.

Vous me suivez ? 8)

Pour pouvoir travailler dans ce domaine, il suffit principalement d’effectuer une formation express pour dégoter la fameuse « White Card ». En gros, vous faites plein de QCM très faciles sur la sécurité sur les chantiers et vous avez à la fin un oral en ligne avec un examinateur. Il faut aussi se procurer soi-même sa tenue de travail (casque, gants, gilet fluo, protège-oreilles contre le bruit, etc…)

Après, il vous suffit de vous mettre en relation avec des employeurs, soit via des agences spécialisées, soit via des petites annonces sur Le Bon Coin local (Gumtree).

Prévoyant, j’ai dégoté le Sésame début Décembre. Me voilà prêt à rejoindre les files de travailleurs de l’Aube* aux hauts jaunes ou oranges fluos que je vois affluer chaque matin sur les quais de Central, que j’aperçois depuis le balcon de mon appartement.

(* les gens commencent à bosser tôt à cause de la chaleur)

Je commence par me rendre dans une agence recommandée par un de mes colocs (mes 2 colocs masculins actuels –  le Chilien et un nouvel Allemand – bossent aussi dans la construction pour se mettre de l’argent de côté; les 2 filles Sud-Américaines font elles des ménages. Désolé pour le cliché, j’ai pas choisi 😀 )

En résumé, je perds 4 heures de mon existence de Mortel dans un bâtiment à la clim’ foireuse et où on me fait passer des tests physiques et pratiques à la con sous la houlette d’une examinatrice genre « je suis désagréable parce que je suis certainement frustrée dans ma vie ». Par exemple, je soulève une boîte de 20 kilos, marche 5 centimètres, pose la boîte, la re-soulève, re-marche 5 centimètres… Le tout sur une dizaine de mètres, avec le trajet retour en plus. Sérieusement, à quelle réalité du travail cela peut bien correspondre ?

Mais ce n’est pas là où j’échoue (parce que bon, les biscotos de l’escalade, ils sont toujours un peu là quand même…). Non, je foire un test super simple d’enfoncement de clou dans une poutre, parce que je l’ai enfoncé aux trois-quart au lieu de la moitié comme on me l’avait demandé. Il faut que je précise que l’examinatrice n’avait pas le droit de donner les instructions plus d’une fois, et qu’au moment de me les donner, un travailleur Néo-Zélandais complètement frappé hurle dans la pièce d’à côté, ce qui perturbe ma concentration.

Très irrité par ce contretemps, je décide de me rabattre sur la solution « petites annonces », qui marche du tonnerre selon mes colocs.

Moins d’une semaine avant Noël, c’est l’arrivée des Rois Mages quand un type me contacte pour l’aider dans son jardin, potentiellement pour plusieurs jours.

Me voilà tout fier à revêtir ma tenue d’ouvrier assermenté.

Comme tous mes contacts m’avaient prévenu, c’est souvent physiquement intense. Par exemple, transporter plein de gros cailloux très très lourds. Mais, motivé par l’appât du gain (au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, les boulots sont « parfois » au black) afin de pérenniser mon avenir à moyen/long terme en Australie voire ailleurs ensuite, je m’en fiche et suis super motivé.

Peu importe qu’il y avait plein de plaques d’amiante en creusant une tranchée dans le terrain de mon premier « client » ^^;;

La première journée s’achève, et celui-ci, satisfait, non seulement me propose de revenir le lendemain mais en plus m’offre sept bières gratuites !

Le lendemain, j’arrive gonflé à bloc et…

…ça se transforme vite en Enfer.

Non seulement il fait une chaleur écrasante – proche des 40° – mais en plus mon employeur ne cesse de me presser encore et encore alors que je suis de plus en plus éprouvé physiquement. Certes, il est stressé parce qu’il doit rendre du matériel qu’il a loué avant la fin de la journée et je ne suis pas un professionnel, mais je fais de mon mieux et ne suis pas responsable de ses erreurs de planification (sans compter que légalement parlant, je ne devrai pas travailler sous une telle température).

Cinq minutes avant la fin officielle de mes horaires de travail (8 heures par jour, généralement 7h – 15h), je lui dis que je suis obligé de m’arrêter, car c’est dangereux pour ma santé. Je n’ai pas envie de faire un arrêt cardiaque en tentant de décharger ma deux-centième brouette pleine de rocs.

Furieux, il me dit de rentrer chez moi, que je ne suis pas un vrai travailleur, que je lui fais perdre son temps (Mouarf, je voudrais bien savoir où tu en serais, tout seul et sans mon aide, Coco…). Je décide d’attendre jusqu’à ce qu’il me paie (parce qu’il voulait se défiler, ce guignol !) et je repars avec les 3/4 du salaire prévu, dégoûté et le cœur toujours à 200 à l’heure.

C’est là que va commencer mon stress de recherche de boulot : entre Noël et le Nouvel An, le marché est logiquement plus qu’au ralenti. Un soir, mon coloc Chilien et moi recevons de manière purement fortuite la même offre pour nettoyer une usine au jet à haute pression. On est tout motivés de jouer aux Ghostbusters en tandem …mais le potentiel employeur annule le lendemain.

Le jour de l’An passe, et toujours rien. Mes 2 colocs finissent par retrouver quelque chose, mais pas moi. C’est que plein de Backpackers ont débarqué à Sydney pour le feu d’artifice du Réveillon, et séduits par la ville, décident d’y passer un peu de temps. Du coup, le marché a beau redémarrer, il y a tellement de gens qui cherchent qu’il faut avoir des réflexes de malade pour répondre dans les premiers aux annonces publiées sur le site Web Gumtree. Une minute peut tout changer.

Ce sont des jours très frustrants qui s’écoulent pour moi, rivé en permanence derrière mon ordinateur du matin au soir, de peur de louper une occasion. De temps à autre, j’ai encore quelques déceptions de « presque pris mais non ».

En trois semaines, je n’ai donc travaillé que 2 jours, ce qui est très loin de mes prévisions initiales.

Enfin, Samedi dernier, la délivrance vient de façon inattendue en fin de matinée. Un gars tout près de chez moi qui a besoin d’aide pour démolir et refaire un appart. Ce n’est qu’une demi-journée, mais ça se passe bien et je suis payé. Le gars me propose de revenir le Lundi pour la journée complète, ce que je fais.

Et finalement, je vais bosser la semaine entière pour lui ! 🙂

Durant la pause du midi, nous allons incognitos faire un tour sur le toît de l’immeuble 🙂

À la prochaine !

PS : on a prévu de tester demain midi 😉

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